Dans la tradition islamique, l’acte de demander aux morts d’intercéder auprès d’Allah pour les vivants est un sujet de divergence et de débat. Découvrons pourquoi il est interdit de demander aux morts d’implorer Allah pour nous, en se basant sur les preuves tirées du Coran, de la Sunna, ainsi que des pratiques des compagnons du Prophète (Sahaba). LLe faire serai donc un péché.
Nous examinerons un hadith rapporté par Omar, le concept de consensus implicite (ijmâ’ as-soukoûtî), et les arguments juridiques qui soutiennent l’interdiction de cette pratique.
Hadith d’Omar et l’interdiction de demander aux morts
Omar, un des compagnons les plus proches du Prophète Muhammad, a dit lors d’une période de sécheresse, des années après la mort du Prophète : « O Allah, nous prenions Ton Prophète comme intermédiaire, et Tu faisais pleuvoir. Maintenant nous prenons comme intermédiaire l’oncle de Ton Prophète, Al-Abbâs, pour qu’il T’adresse les invocations » (rapporté par Al-Bukhârî, n° 964, 3507). Ce hadith est significatif car il montre que les compagnons du Prophète, au lieu de demander des invocations au Prophète après sa mort, se sont tournés vers un membre vivant de sa famille.
Si le fait de s’adresser à Allah par l’intermédiaire de l’invocation du Prophète était valable après sa mort, les compagnons n’auraient pas eu recours à l’invocation de Al-Abbâs. Le Prophète Muhammad est la meilleure des créatures et le plus honoré auprès d’Allah. Cela indique clairement que les compagnons ne considéraient pas qu’il soit approprié de demander aux morts d’intercéder pour eux.
Consensus implicite des sahaba
Le fait qu’Omar utilise le pronom « nous » dans le hadith est également significatif. Il signifie « nous les compagnons du Prophète ainsi que ceux qui nous ont suivi ». Cela peut être interprété comme un consensus implicite des Sahaba (compagnons). Le consensus implicite (ijmâ’ as-soukoûtî) est un concept juridique islamique où un certain nombre d’érudits d’une époque se prononcent sur une question juridique, tandis que le reste des érudits, bien qu’informés, restent silencieux sans exprimer leur désapprobation ou leur accord.
Qu’est-ce que le consensus implicite (Ijmâ’ as-Soukoûtî) ?
Le Dr. Hassan Amdouni explique dans son livre « Oussoul al Fiqh » que le consensus implicite se produit lorsque des érudits se prononcent sur une question juridique et que les autres érudits ne s’y opposent pas, bien qu’informés du débat. Ce silence est interprété comme une acceptation tacite de l’avis émis.
Quelle est la validité légale du consensus implicite ?
Il y a une divergence d’opinion parmi les érudits sur la validité légale du consensus implicite. Toutefois, l’avis majoritaire est qu’il constitue une preuve légale. Le Dr. Hassan Amdouni précise que la grande majorité des Hanafîtes et l’imâm Ahmad considèrent le consensus implicite comme une source sûre et certaine de la règle de Droit. Ils argumentent que les savants sont unanimes sur le fait que le consensus implicite est une source fiable dans les questions dogmatiques, et par analogie, il devrait être inclus dans les règles légales pratiques.
Voici les arguments en faveur du consensus implicite
- Unanimité des savants : Les savants s’accordent à dire que le consensus implicite est une source fiable dans les questions dogmatiques.
- Coutume Juridique : Dans les sphères juridiques, il est de coutume que les savants les plus notoires et âgés se prononcent d’abord sur les nouvelles questions. Les plus jeunes formulent leur accord en acceptant l’avis par leur silence.
Ces arguments montrent que le consensus implicite des Sahaba est une preuve légale solide. Par conséquent, le fait de demander aux morts de faire des invocations est une innovation qui n’a aucune source dans le Coran et la Sunna.
Les morts ne peuvent pas entendre les vivants
Une autre preuve importante de l’interdiction de cette pratique est tirée des versets du Coran qui indiquent clairement que les morts ne peuvent pas entendre les vivants. Allah dit :
« Tu ne peux faire entendre les morts ni faire entendre l’appel aux sourds quand ils s’enfuient en tournant le dos. » (27/80)
« De même, ne sont pas semblables les vivants et les morts. Allah fait entendre qui Il veut, alors que toi [Muḥammad], tu ne peux faire entendre ceux qui sont dans les tombeaux. » (35/22)
Ces versets montrent que les morts sont incapables d’entendre les vivants. Par conséquent, s’adresser à eux pour qu’ils fassent des invocations en notre faveur est inutile et contraire aux enseignements islamiques.
Conclusion
Premièrement, les Sahaba durant le Califat d’Omar ne demandaient pas aux morts de faire des invocations en leur faveur. Cela montre clairement que cette pratique est une innovation sans fondement dans le Coran et la Sunna. Deuxièmement, Allah nous informe très clairement que les morts n’ont pas la capacité d’entendre les vivants. Donc, pourquoi s’adresser à eux alors qu’ils sont incapables de nous entendre ?
Cet acte est interdit selon le Coran et la compréhension des Sahaba, la meilleure des générations de l’Islam. Le Prophète nous a ordonné de suivre la Sunna d’Omar et des autres Califes bien guidés. En conclusion, demander aux morts d’intercéder pour nous est une pratique qui n’a pas de base dans les textes sacrés de l’Islam et va à l’encontre des enseignements des compagnons du Prophète.
Et Allah est plus savant.